À la mode
L’art de paraître : la mode au 18ème siècle
Retour en photos sur l’exposition, visible jusqu’au 6 mars 2022 au Musée d’art de Nantes
Si vous aimez l’histoire, la mode, ou encore les belles étoffes, je vous encourage vivement d’aller y faire un tour ou de vous procurer le catalogue de l’exposition.
Les pièces exposées sont magnifiques et valent le détour.
J’ai eu l’opportunité de visiter l’exposition “à la mode, l’art de paraître au 18ème siècle” présentée du 21 novembre 2021 au 6 mars 2022 au musée d’arts de Nantes.
Tableaux, vêtements, gravures… C’était une très belle immersion dans les soieries chatoyantes et les habitudes vestimentaires de l’époque rococo.
Cette exposition explore également le rapport entre les arts visuels et la mode en France, tout au long du 18ème siècle.
Ainsi, au 18ème siècle les portraits se démocratisent, et avec eux se développe la volonté de communiquer et d’asseoir son rang à travers l’habit. Les artistes retranscrivent dans leurs œuvres le luxe des matières, le faste des broderies.
On retrouve également à cette époque un goût pour les mascarades, pour les fêtes galantes. Ces occasions de porter des costumes somptueux sont immortalisées en peinture par Watteau ou Lancret. Les vêtements portés lors de ces êtes sont ainsi inspirés par les costumes de la Commedia dell’arte : Pierrots, Arlequins… Ces travestissements permettent un jeu des identités, dans un univers de parade et de séduction.
Enfin, la peinture contribue à cette époque à “désacraliser” le linge de corps. La chemise se montre, tant chez l’homme que chez la femme, que ce soit lors de scènes de genre ou de portraits. Le portrait de Marie-Antoinette en robe de mousseline blanche lance ainsi la mode de la “chemise à la reine”, plus décontractée et plus suggestive que les robes ajustées à l’anglaise ou à la française.
Cet engouement pour les étoffes légères, drapées à la mode antique, annonce également les prémices de la mode empire du début du 20ème siècle.
Le vêtement au 18ème siècle : la France à la pointe de la mode
Portrait de Madame Sophie par Lié-Louis Périn-Sabreux 1776
Corps baleiné milieu 18ème siècle
Carle Van Loo vers 1745-1750
Le rang social s’affiche par le choix des étoffes, des parements. Ainsi les satins de soie aux reflets changeants côtoient les indiennes aux couleurs chatoyantes. Les broderies des gilets d’homme mettent en scène des guirlandes de fleurs, des amours, et même des scènes de théâtre dans des cadres bucoliques !
Toutes ces matières sont des sources d’inspiration pour les peintres du 18ème siècle. Certains ce font même un nom grâce à leur capacité à représenter les effets de lumière des soieries luxueuses.
De cette manière, à travers la diffusion des portraits, la noblesse française influence les tendances vestimentaires dans toute l’Europe. Le luxe et les savoir-faire français sont renommés et vus comme un modèle à suivre.
Robespierre par Boilly 1791
Habit à la française 1775-85
Robe à la française 1755-65
Le Serment à l’amour 1786 (détail)
Fêtes galantes et pastorales
Lors de fêtes inspirées de la Comedia dell’arte, la bonne société aime à se travestir en Arlequin ou en Pierrot. Ces fêtes galantes inspirent les peintres qui mettent ainsi en scène des intrigues amoureuses dans des décors fantasmés.
Costume d’arlequin, XVIIIème siècle
Comédiens italiens dans un parc, atelier de J-B Oudry, vers 1710 (détail)
Isabelle enlevée par Arlequin, 1771
Costume de travestissement à la Van Dyck
Les pastorales, mises en scènes de la vie sentimentale dans un monde rural idéalisé, connaissent également un grand succès. La noblesse en costumes de bergères d’opérettes s’affiche ainsi dans des décors bucoliques, dans un rapport à la nature idéalisé : cueillette de fruits et de fleurs, jeux amoureux…
Ces pastorales et ces fêtes galantes, ou mascarades, sont très fortement inspirées par le théâtre et l’opéra. Elles attestent du gout de la noblesse pour le travestissement, pour la représentation. L’imaginaire s’invite dans le réel.
L’intime mis en scène
A partir de la seconde moitié du 18ème siècle, la chemise qui était jusque là simplement un linge de corps, et donc intime, devient un vêtement à part entière.
En 1783, le portait de Marie-Antoinette dans une robe blanche vaporeuse, aussi appelée “chemise à la reine”, crée le scandale car cette tenue est considérée à l’époque comme négligée. Cependant, la robe chemise devient très vite à la mode, et les cotonnades vaporeuses sont tout autant recherchées que les soieries.
La femme se fait également représenter en chemise dans des scènes de genre. Le linge de corps se dévoile et devient alors un instrument de séduction dans une mise en scène de l’intime.
Caraco, vers 1780 – 1785
Portrait de la comtesse Mahony par Subleyras, vers 1740
Robe chemise, ou chemise à la reine 1785 – 1790
La duchesse de Polignac par Vigée le Brun, 1782
Si l’homme se fait aussi représenter en chemise, ce serait davantage dans une posture de rejet du vêtement formel.
Ces portraits en linge de corps représentent une rupture avec les codes de la société tels qu’ils sont alors véhiculés dans les portraits des aristocrates.
La robe de chambre masculine occupe également une place de choix dans les portraits. A la fois confortable et élégante, elle est souvent confectionnée dans des tissus indiens ou japonais et témoigne du goût pour l’exotisme des classes sociales aisées.
Elle devient alors le symbole des artistes et des penseurs, qui se font représenter dans leurs cabinets de travail drapés de ces tenues d’intérieurs qui rivalisent de luxe.
Abraham Fontanel par Duplessis, 1779
Chemise d’homme à jabot, vers 1790 – 1810
Louis-Claude Vassé par Etienne Aubry, 1771
Robe de chambre et gilet 1755 – 1765
Echantillon de broderie vers 1804-1816
L’influence de l’antiquité dans la mode à la fin du 18ème siècle
La démocratisation de ces robes chemises en coton blanc annoncent la mode empire du début du 19ème siècle. Les vêtements sont alors très inspirés par l’Antiquité, tout particulièrement dans les tenues féminines.
En rupture avec la rigidité des lignes du 18ème, la mode féminine abandonne les corps baleinés pour privilégier les drapés fluides, les coiffures à la grecque.
Cette recherche de simplicité et l’influence de l’esthétique antique dans la mode s’inscrivent ainsi dans la lignée des idées des Lumières qui caractérisent la fin du 18ème siècle en France.
Vierges Modernes, Jean Raoux, 1728
Robe vers 1790 – 1792
Madame Juliette Récamier par Eulalie Morin 1799
Bellalin Jean-Luc
J’aime beaucoup…
Niig
Merci !